Mes filles ne portent pas mon nom de famille. Et comme toutes enfants qui sont issues d’une union mixte, il fallait faire des choix concernant les patronymes, alors leur papa et moi avons convenu d’un échange et je vous le présente aujourd’hui.
La complexité de mon identité a fait que depuis toujours je combine dans mes choix de vie des influences culturelles fortes. Je suis Française d’origine marocaine qui vit depuis 17 ans au Québec, et qui plus est, je suis née à la frontière de l’Espagne d’où le fait que la première langue que j’ai apprise avant le français (et après l’arabe) et bien c’est le catalan.
Cette mixité ne m’a jamais posé de problèmes, au contraire, j’en suis sortie forte de cette richesse. Le hic, c’est plutôt mon entourage et les gens que je rencontre. On ne saisit pas trop d’où je viens (Maroc? France? « Oh, je suis déjà allée au Maroc, j’adore le couscous! »), mon accent ne va pas forcément avec mon physique, et on me pose toujours mille et une question sur mes croyances et mon régime alimentaire. Avec les années, j’ai appris à répondre de manière diplomate, et j’ose croire que je suis capable de sensibiliser et éduquer à chaque fois.
Pour mes filles, cette schizophrénie d’origines ethniques n’est pas un problème. Pour elles, elles sont à moitié Québécoise blanche francophone de leur père et moitié Franco-marocaine de leur mère. Elles savent aussi qu’elles ont des origines africaines amazigh dont elles sont fières pour mourir. Mais pourquoi alors je les ai appelé Salomé et Léonore Lavallée? Concernant leur nom de famille, je ne suis pas une adepte du patronyme composé. Laabidi-Lavallée, je trouvais que c’était trop long. J’ai donc offert à leur papa de leur donner uniquement leur nom de famille, puisque j’ai eu la chance extraordinaire de porter et de mettre au monde ces bébés et lui ne vivra jamais ça. Pour les prénoms, je voulais des prénoms que l’accent québécois ne charcutent pas. Alors, j’ai choisi des prénoms lourds de signification pour mes filles, sans la lettre A. Mais je ne voulais pas m’arrêter là. À défaut d’avoir des noms de famille arabes, je voulais que cette origine nord-africaine apparaisse. J’ai donné aux filles un deuxième prénom qui est usuel. Salomé, c’est Sanaa et Léonore, c’est Hajar. Respectivement ces prénoms veulent dire Élégance et Immigrante. Vous comprenez pourquoi c’est venu me chercher.
Je suis tellement fière d’avoir inscrit sur leurs actes de naissance ces jolis prénoms, je suis sûre que mes préoccupations symboliques se présenteront finalement comme un héritage que je leur laisse pour le restant de leur vie. Je vous encourage donc à faire ce que votre cœur vous dit de faire!
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