J’ai passé une grande partie de cet été avec mes amies.
Elles sont importantes dans ma vie et dans la vie de mes enfants. Quand elles sont chez nous, on vit comme dans une grande communauté où tout le monde cohabite dans l’harmonie, nos progénitures vivent pieds nus et la spiritualité occupe une grande place dans nos interactions.
On a mangé, bu, rigolé, pleuré. Et beaucoup dansé!
Bref, cet été a été l’été où je me suis rendue compte que j’ai tissé des liens assez forts avec des femmes importantes que j’ai choisies comme famille.
On en a eu des discussions. Sur la magie, bien sûr. La spiritualité. L’amour, la redéfinition des relations. L’éducation progressiste qu’on essaie d’offrir à nos enfants.
Et on a parlé de notre rapport à la réussite. L’importance que l’on accorde à l’argent et à la richesse matérielle. Notre rapport avec l’abondance.
C’est troublant de voir comment l’inconfort s’installe quand on commence à discuter sur la question de l’abondance, notamment sur la matérielle.
J’ai remarqué que tout de suite on voit surgir chez chacune des manifestations du syndrome de l’imposteur.
Pendant longtemps, j’ai cru que je n’arriverai pas à voir une qualité de vie acceptable. Je viens d’un milieu très modeste, et mes parents sont nés dans la pauvreté. Et tout était aligné pour que je continue à faire perdurer cette grande précarité dans laquelle j’ai grandie.
Pourtant, mon père avait un autre projet de vie pour moi : j’allais étudier fort à l’école et réussir à obtenir de grands diplômes qui me permettront de bien vivre. Et c’est ce qu’ils’est passé.
J’ai eu un beau parcours scolaire qui m’a menée jusqu’à l’obtention d’un doctorat en sociologie de l’éducation. Je suis devenue professeure, et j’exerce depuis presque 20 ans maintenant.
Pendant longtemps quand je recevais mes fiches de paye, je n’arrivais pas à réaliser que tout cet argent allait atterrir dans mon compte bancaire. Je pensais même que c’était une erreur et qu’on allait me le réclamer! J’étais dépassée par l’idée de le dépenser ou le mettre de côté. L’idée de le redistribuer m’obsédait beaucoup aussi.
Je crois sincèrement que les femmes sont conditionnées à culpabiliser face à la réussite et l’abondance qui en résulte. Le système patriarcal et oppressif a fait en sorte de démoniser le succès monétaire des femmes, afin de perdurer les rapports de domination et de conserver le pouvoir exclusif dans nos sociétés. La domination sur la femme s’est exprimée de toutes les façons, autant par des lois répressives, que par des mentalités cautionnées par toutes les institutions. Et malgré le fait que les femmes ont, à l’heure actuelle dans notre société, un statut égalitaire à l’homme par l’acquisition des droits constitutionnels, reste qu’elles se heurtent encore au plafond de verre qui les empêchent d’aller plus loin.
Et bizarrement, on accepte encore cette idée qu’on ne peut aller plus loin.
Après avoir fait ce constat avec mes amies, de nombreuses idées sont apparues clairement dans nos esprits. Il était primordial d’enclencher un processus de déconstruction de soi pour apprivoiser l’abondance dans nos vies.
La déconstruction de soi s’expérimente comme une prise de conscience existentielle que l’on doit vivre avec soi-même. Elle est douloureuse. C’est une véritable crise de maturation qui nous oblige à soulever les couches, qui composent notre âme, une à une. Qu’on arrache un peu comme un pansement trop collant à la plaie.
Alors on s’est mise à peler notre être comme on épluche un oignon. En pleurant de souffrance à chaque fois qu’on a enlevé une couche. On s’est avoué qu’on avait peur de réussir, car la réussite à la définition capitaliste était contre nos valeurs. Cependant, on a reconnu le privilège d’avoir une qualité de vie qui nous permet de créer et de nous épanouir. Désormais, nous atteindrons notre équilibre à pratiquer la gratitude dans toutes les sphères de nos vies pour honorer l’abondance qu’on reçoit.
De mon côté, j’ai réellement accepté que le succès était un bonheur qui se partage avec tout le monde. C’est un compromis que j’ai fait avec moi-même. J’ai accepté de réussir, car je le mérite et j’ai aussi le droit d’en profiter.
Mes amies et moi rêvons de ce jour où on vivrait ensemble sur une grande terre, en communauté. Jouir de cette abondance de ralentir nos rythmes quotidiens pour respirer l’odeur de la vie simple.
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