Toutes les fois où je suis partie en voyage, je m’amuse à chercher dans le pays qui m’accueille et que je visite des éléments symboliques et des coutumes qui s’apparentent à ceux de ma culture marocaine.
J’aime aller dans des lieux nouveaux et inédits qui peuvent me surprendre par une énergie présente et une ambiance plus que familières me faisant dire : « Pourquoi j’ai l’impression que je suis déjà venue ici… »
Il y a quelques années de ça, j’ai eu l’occasion de visiter le Japon. En me perdant dans les rues d’un quartier populaire de Tokyo, Roppongi, je suis tombée par hasard sur un couple de personnes âgées qui vendaient des galettes qui me disaient quelque chose. Cette « street food » était une copie conforme des msemens, crêpes feuilletées d’origine amazigh marocaine dont tout le monde raffole au bled (trad. : pays). J’en ai acheté une, et à la première bouchée, j’ai instantanément reconnu le goût des galettes de ma mère, me transportant directement dans mes souvenirs d’enfance. T’imagines, j’ai mangé à Tokyo les msemens comme ceux de ma daronne…
Être à la recherche de la nomadité des peuples, c’est une façon de tricoter des ponts entre nos cultures, et de réduire du coup les distances et les frontières. Généralement, je vais être attirée vers des pays où l’empreinte indigène va être forte. Et en Amérique Latine, c’est le cas.
Je n’ai jamais caché mon Amour pour ce continent. Des Caraïbes jusqu’au Sud. Tout me parle, tout m’est familier. Je me sens chez moi.
De la puissance des Peuples premiers
De la singularité de l’héritage afro-descendant
De la douleur de la colonisation et des massacres génocidaires
De la réparation et de la réappropriation culturelle
De la grandeur de se relever
Perdue à 3000 mètres d’altitude dans l’Altiplano en Bolivie et accueillie par une communauté d’agriculteurs Aymara, je me suis sentie comme dans le village de mon père dans le Moyen-Atlas, aux portes du désert du Sahara. Tout était pareil : le paysage lunaire, la couleur de la terre, l’odeur de l’air, les mêmes mains sèches et calleuses des hommes et les même bébés portés sur le dos de leur mère.
Le langage universel des symboles, dessins, objets et tissages, nous rappelle constamment notre histoire, puisque nous sommes nombreuses à provenir de régions du monde où c’est la tradition de l’oralité qui a été gardienne de notre passé. C’est au Mexique que les parures de bijoux ont résonné fortement en moi, notamment l’art du perlage Huichol, appelé Chaquira. Cette communauté présente dans la Sierra Madra au nord de Jalisco a longtemps résisté aux envahisseurs conquistadores. Tous les bijoux et les objets faits en perle sont la traduction des messages véhiculés et des images observées par les Huichol. Les fleurs, les triangles, les losanges sont utilisés. J’y ai vu les colliers ras-de-cou que ma grand-mère paternelle Aït Yafelmane portait autour du cou. Des perles comme langage commun…
De nombreuses grandes nations ont comme pour parure le tissage de perles, et ce de manière ancestrale. Qu’elles soient en Afrique dans son entièreté ou plus proche de chez nous, à Wendake auprès de la nation huronne-wendat. (Nous pourrions entamer l’analyse anthropologique de ces pratiques. Mais ce n’est pas l’objet de ce texte aujourd’hui).
Je respecte, je m’incline et je remercie chacun des pays que j’ai visités de m’avoir ouvert la porte avec la même hospitalité que mon peuple peut le faire et de m’avoir donnée le privilège de partager avec moi leurs histoires ancestrales.
Je crois fortement à la gémellité cosmique entre les peuples qui se sont battus et qui ont soulevé au-dessus de leur tête et au bout de leurs bras leurs traditions afin de les conserver. Et je me dis aussi que finalement, nous avons plus de points communs que de différences à souligner. Et pour garder espoir, je reste accrochée à ce porte-clés en perles que j’ai reçu en cadeau de la part d’une amie et qui vient du Botswana. En croyant fortement que les portes de notre liberté d’être s’ouvriront totalement un jour. Je lance ça dans l’Univers.
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